Claude Como
Depuis les années 1980, Claude Como s’empare aussi bien de la peinture à l’huile, de la céramique, de la résine, du fusain ou encore de la laine pour sonder sa propre histoire et expérimenter son rapport aux réalités du monde, où le vivant trouve une place centrale. En confrontant constamment le volume et l’aplat, Claude Como construit son œuvre autour du vivant, aujourd’hui, ses formes libres tuftées s’affranchissent radicalement du cadre.
En 2019, Claude Como débute une série de tapisseries réalisée à l’aide d’un pistolet à tufter, traditionnellement utilisé par des artisans pour la réalisation de tapis, qui figurent des éléments végétaux foisonnants, des micro- organismes luxuriants, intitulée Supernature. Par leur souplesse, ces tapisseries s’extraient du cadre pour littéralement coloniser les murs et donner un caractère organique à l’architecture qui les abrite. Le choix du touffetage inscrit l’artiste dans une histoire de la tapisserie. Claude Como s’insère volontiers dans une histoire de l’art occidentale qu’elle se plaît à explorer pour retravailler les grandes classifications ou les sujets considérés comme traditionnels. Les œuvres touffetées participent d’une réactivation et d’un prolongement d’une histoire de la tapisserie. Rien n’est fixe, tout y est redéfinissable. Les formes découpées s’articulent entre elles au profit d’installations tentaculaires, mouvantes et rhizomiques.
Avec un sentiment mêlé d’émerveillement et de gravité, elle présente des corps décontextualisés, des scènes privées d’horizons, des écosystèmes suspendus. L’artiste construit son œuvre à partir de notions telles que le déracinement, le mouvement, l’absence, l’impermanence, la mort et les renaissances possibles.
Julie Crenn, Docteure en histoire de l’art, critique d’art (AICA) et commissaire d’exposition indépendante.
Extraits de texte (2022)